L’Obama Africain est BLANC !

Guy scott president de Zambie
Le fait est important et relève d’être souligné. L’Afrique vient de se doter de son premier président blanc depuis la décolonisation : la Zambie, après le décès le 28 octobre de Michael Sata, a nommé Guy Scott Président par intérim. Un blanc au pouvoir en Afrique nommé par des Africains. Quel fabuleux exemple pour le monde !

Quelques pépites dans nos vieux démons.

Pendant qu’un Compaoré essayent de changer la constitution de son pays pour s’accrocher au pouvoir et, de ce fait, est chassé de son trône par la rue ; que nos camarades Lybiens sont au plus mal, perdus entre extrémistes et guerres tribales ; nos amis Egyptiens sont passés d’un dictateur à un autre ; que l’Algérie maintient un président grabataire et incapable de diriger quoique ce soit… qu’à Madagascar, les batailles d’égo entre clan politique continue de nous tirer vers la bas, ou que nos députés exigent des 4X4… mais pas n’importe quel 4X4 ! Il existe quelques facteurs d’espoir d’une Afrique qui se prend en main et qui souhaite fortement aller de l’avant pour faire face aux défis du 21e siècle.

Nous avions déjà souligné l’épreuve de force réussie par Paul Kagamé, élue en 2000 Président d’un Rwanda encore chaud à un génocide des plus meurtriers. En quelques années, il a remis son pays sur une voie noble : du pire, le Rwanda fait maintenant parti des exemples sur de nombreux points. En premier lieu, son redressement économique. Son initiative sur l‘interdiction des sacs plastiques qui maintenant fait école partout dans le monde. Et depuis peu : sa capitale Kigali donne un accès Wifi gratuit à toute sa population ! Un bémol toutefois qui risque de peser lourd : Paul Kagamé veut modifier la constitution pour se représenter. Cette initiative risque de ruiner tous ses efforts pour son pays dans les années à venir.

Et maintenant, voilà que c’est un autre des petits états de l’Afrique, habituellement si discret, qui se lance dans l’incroyable : un blanc Président en Afrique Noire. Une première en Afrique. Du jamais-vu. Un symbole puissant pour la nation arc-en-ciel rêvée de Mandela.

Un colon britannique blanc président d’un pays Africain.

La République de Zambie est un territoire plus grand que Madagascar (752 614 km2), avec une population de presque 15 millions d’habitants, et un PIB de 1539 $ par habitant en 2013 (plus de trois fois celui de Madagascar). Cet état discret, est presque caché au centre de l’Afrique Sub-Saharienne entre l’Angola, la République du Congo et la Tanzanie au nord, le Malawie et le Mozambique à l’Est, Le Zimbabwe et le Botswana au sud. L’ancienne Rhodésie devient indépendance en 1964 et fait parie intégrante du Commonwealth.

Guy Scott est né le 1 er juin 1944 à Livingstone d’une famille d’origine anglo-écossaise. Il finit ses études au Royaume-Uni, diplômé de Cambridge et de l’Université de Sussex. Son père, né à Glasgow en 1927, était député indépendant en Rhodésie (actuel Zambie) et appelait déjà à l’indépendance dans son journal. Guy Scott revient au pays en 1964, devient fonctionnaire et entrepreneur. Dès 1965, il rejoint le gouvernement de la Zambie indépendante et travaille au ministre des Finances. En 1990, il entre en politique. Crée le Mouvement pour la démocratie multipartite et est élus à l’Assemblée Nationale. En 2001, il crée avec Michael Sata le Front Patriotique. Le 20 septembre 2011, il devient vice-président.

En 2006, alors qu’il est élu député de Lusaka, il dit « Ma victoire, je la dois à un vote noir, et, si vous comptez les Blancs qui votent à Lusaka central, vous devez arriver à peu près à cinq. J’ai bénéficié de 20 000 voix du peuple zambien parce qu’ils veulent des résultats. Ils ne sont pas intéressés par ma couleur.« 

Au Zambie, la fonction de vice-président conduit directement à la présidence, en cas de décès et d’incapacité du chef de l’état. Or un article de la constitution (fabriqué pour empêcher l’ancien chef de l’état de se présenter, Kenneth Kaunda) stipule que le président doit être issu de parents tous les deux nés dans le pays et possédant la nationalité. Ce qui n’est pas le cas de Guy Scott, dont les parents étaient britanniques.

Un exemple d’intégration pour le monde.

Le cas peut être mis en parallèle avec un autre Zambien, Killion Munyama, professeur d’économie devenue député en Pologne. Un autre bel exemple de déracialisation de la politique.

Guy Scott n’est que Président par intérim, et donc en charge principalement de mettre en place les élections pour le futur président. Cela ne pose pas de problème aux Zambiens, déjà coutumier du fait, puisque la Zambie compte déjà plusieurs députés blancs, descendant d’anciens colons.

Même si les choses ne sont pas parfaites, et qu’il y a bien sûr quelques grincements de dents, c’est tout de même une grande preuve d’intégration et de nation arc-en-ciel. Nombre de pays feraient bien de s’en inspirer surtout à l’heure des retours vers le nationalisme ombrageux.

Madagascar, toujours dans les petites haines honteuses.

À Madagascar, nous sommes encore à l’opposé total de cette notion d’intégration. Les « karanas« , pour l’essentiel descendant du Gujarati en Inde, sont arrivés sur nos terres il y a plus de 150 ans et sont encore aujourd’hui considérés comme des étrangers. Certains n’ont encore pas la nationalité malgache alors qu’ils sont nés ici et n’ont jamais quitté le pays. Les métis sont contestés et n’ont pas accès à la présidence de la République, alors que des malgaches bi-nationaux pourraient se présenter. Les descendants d’anciens colons sont eux aussi considérés comme des étrangers, alors qu’ils ont donné leur vie au pays. Les zanatanys, ou ceux qui travaillent au pays depuis de très nombreuses années, avec des enfants et familles malgaches n’ont aucune possibilité d’obtenir la nationalité malgache. Le paradoxe est qu’elle leur ai refusé farouchement par ceux même qui font pieds et mains pour obtenir la double-nationalité française ou qu’ils l’ont déjà ! Aucune de ces communautés pourtant très impliquées dans le développement du pays n’a aucun droit politique, sauf pour les métis. Mais rappelons qu’ici, même entre ethnies les querelles raciales ne sont pas encore éteintes.

À l’heure de la réconciliation nationale, peut être serait-il temps d’avoir un peu de courage politique, et d’en profiter pour remettre tout à plat. Plutôt qu’une réconciliation nationale qui se résumerait à des petits arrangements entre les « ex » comme le dit le SEFAFI, peut être serait-il urgent de mettre tout sur la table pour fonder enfin une vraie nation, unie vers un même idéal : l’amour de notre pays. De rassembler toutes les bonnes volontés qui veulent s’unir autour de cet idéal, sans distinction de races ou d’origines, leur donner les droits nécessaires à leur action, et libérer les énergies de tous.

 

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One Comment;

  1. iarivo said:

    C’est pourtant bien là le but d’une poignée de patriotes malagasy mais malheureusement les clichés-types sont toujours à l’honneur quand cela concerne Madagascar ou les Malagasy !

    Depuis plus de 30 années, suite à l’expérience dictatoriale d’un régime marxiste, des patriotes malagasy tentent de leur mieux à mettre en place un véritable état de droit où les valeurs républicaines, démocratiques et laïques seraient respectées par tous.

    Mais face à une mentalité populaire qui reste encore bloqué sur le passé, sur une culture, et donc des valeurs, qui s’appuient encore sur le féodalisme, leurs efforts et leurs actions s’en retrouve à chaque fois contrecarré et réduit à néant.

    Que des malagasy, jeunes et moins jeunes, puissent penser République, Démocratie, Progrès, Etat de droit et d’agir en conséquent (quitte à faire une Révolution) pour les concrétiser et en faire une réalité, cela choque encore beaucoup de monde, malagasy ou non, qui continue à se mettre en tête que de tels projets et ambitions ne peuvent venir de Malagasy.

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