Restaurant La Piccola Conde, Ex-La petite Cour.
En face de l’ancien Hôtel La Piscine, avant le Jardin d’Amour, haut de la Corniche, Mahajanga.
Le restaurant, déjà célèbre lieu de la gastronomie à Majunga, a été repris par Tito. Cet italien truculent vous accueille en haut des marches. Pour un accueil, c’est un accueil. À l’Italienne, c’est-à-dire sans retenu ni avarice, mais avec class.
Tito vous accompagne dans la petite cour suspendue à gauche et vous offre sa meilleure table disponible. Fier de son ouvrage, il vous fait visiter les lieux avec plaisir vous parlant de son piano à 8000 Euros sans pianiste, et du comptoir « venu de la Réunion » par le précédent proprio. Tito a fait son choix sur cette belle affaire de Majunga après un long parcours sur la grande île, mais surtout à la suite de plusieurs années à travailler dans le pétrole. Ceci lui a permis de voyager dans une bonne vingtaine de pays, du Liban jusqu’à Kazakhstan. Ces plus beaux souvenirs, dit-il, ont été l’Angola et l’Algérie où il finit sa carrière à 60 ans. L’Algérie refusant de lui renouveler son visa de travail à cet âge.
Un an donc qu’il s’est installé sur les rives du Mozambique, en face de l’ancien Hôtel La Piscine en cours de rénovation lors de notre passage. Endroit de choix. Sauf que depuis sa fermeture pour rénovation, « z’ai perrrdou 15% dé ma clientééle » nous avoue-t-il, sans s’en plaindre. Toujours class. Sa femme travaille toujours en Italie du nord. Elle est partie il y a peu. Le président de la Transition est venu manger avec on staff. On notera la bafouille du chef du protocole sur le livre d’or : il est écrit en majuscule que « …LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE… » a mangé ici. Y-en a qui n’ont pas froid aux yeux. Il faudrait juste leur apprendre qu’un Président de la Transition, par définition non-élu, ne peut pas être « Président de la République ». Comme quoi, il y a encore du travail à faire pour comprendre la politique, la démocratie et la communication à ces messieurs ambitieux.
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Une carte très italianisée nous attend. Il n’y a plus le côté « pur gastro » d’autrefois, fini l’ambiance foie gras & Co. Le menu reste gastronomique mais les pastas et l’huile d’olive sont venues parfumées les papilles gustatives. Nous nous laisserons tenter par un carpaccio de zébu avec huile d’olive d’olive citronnée, mais surtout copieusement arrosé de Parmesan. Une merveille quand un câpre vient vibrer sous la dent. Le carpaccio de mérou est rafraîchissant. Le tartare de thon rouge, accompagné de sa salade de légumes, semblait de bon présage, mais un peu décevant devant le nez : une quantité un peu faible et un thon « blanchâtre » plutôt que le beau rouge profond du thon albacore. Sans doute dû à la marinade, mais moins gourmand en apparence. Pour le dessert, un tiramisu d’une jolie présentation. Des boules de glace au top. On nous certifie que c’est fait maison. La serveuse nous raconte même comment faire sur la base d’un principe de crème anglaise dans lequel on mélange le coulis de fruit. En tout cas, un délice. La boule de glace au gingembre est une merveille pour les amateurs du genre. Fraise, etc, du somptueux.
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Fantaisie qui me replonge dans les grandes années de la restauration à Madagascar. Celle où on l’on faisait vraiment profiter des bonheurs gustatifs pays avant d’essayer de faire des mauvais calculs de rentabilité comme c’est un peu trop souvent le cas aujourd’hui. Les serveuses nous apportent sur la table, sans l’avoir demandé, les bouteilles de rhums arrangés, et vous les posent devant avec un petit verre pour chaque adulte. À vous de vous servir. Ce que vous voulez, sans regarder, ni compter ! Je n’avais pas vu cela depuis 10 ans ! à 14h00, je n’en avais pas particulièrement envie. Mais, je SUR-LOVE le geste. Super class ! j’adore. Quand on sait qu’à Madagascar un litre de rhum coûte autour des 5000 Ariary (moins de 2 euros), faire payer le rhum arrangé de fin de repas, c’est vraiment de l’arnaque. Et je vois des restaurants tananariviens qui n’ont aucune pudeur à vous faire payer 5000 Ariary le petit verre (shooter de 4 cl max). C’est honteux, et c’est du foutage de gueule. Ben chez Tito, qu’on se le dise : C’EST OFFERT.