Ian Winkless : biodiversité et tourisme à Madagascar

Ian Winkless tourisme à Madagascar

Ian Winkless : les paradoxes de la communication touristique de Madagascar.

Le 18 mars 2015, Corporate Adventures organisait une conférence au Dzama Cocktail Café sur le thème « Quel défi pour préserver les primates et en faire un produit d’attraction ? » Le premier intervenant, Ian Winkless met l’accent sur deux choses importantes à ses yeux : ces milliards de dollars qui nous échappent, et une re-direction nécessaire vers le tourisme anglophone.

Écoutez la conférence.


Ces milliards de dollars que rapporte « Madagascar » et qui nous échappent.

2 084 371 095 $, sont les recettes du film dessin animé « Madagascar » en ce mois de mars 2015. « Ce film n’aurait pas pu être fait dans Madagascar, ni sans nos lémuriens »
Grâce à ce film, combien de millions de personnes connaissent le mot Madagascar ? Et qui, en conséquence, connaissent le mot lémurien ? « Cela m’étonnerait que l’on puisse faire un film sur l’Australie, et par exemple, les Koalas, sans que l’Australie en profite ».
À l’heure actuelle, pour plus d’impact touristique, nous nous allions avec les autres îles de notre région de l’Océan Indien, notamment au travers du programme « Les îles Vanilles ». « C’est une très bonne chose. Nous avons besoin d’être solidaires entre nous ».
Mais le professeur souhaite attirer notre attention deux atouts uniques : les lémuriens et les baobabs. Il fait référence à un autre film qui vient juste de sortir : « lemurs of Madagascar » Ce dernier film, au 12 novembre 2014 a déjà gagné 7,95 millions de dollars.
« Je me demande pourquoi, ni les baobabs, ni les lémuriens ne sont classés comme emblème national ? » Il continue en soulignant « L’Arbre du Voyageur, c’est bien – référence à Air Madagascar et bien d’autres qui l’utilise comme emblème – mais combien de personnes ont plutôt entendu parler de nos lémuriens et de nos baobabs ? ».

Plaidoyer pour attirer le tourisme anglophone.

« La zone de chaland, c’est d’où viennent vos clients ? » Ian Winkless souhaite souligner un paradoxe. Madagascar, avec notamment ces deux films américains importants, bénéficie d’une nouvelle popularité considérable dans le monde anglophone. Hors, 95 % du budget de communication touristique, estime-t-il, est destiné à un public francophone.
Dans le tourisme, plusieurs catégories : le tourisme « pur » qui vient passer des vacances à Madagascar ; le tourisme d’affaire et il souligne que le langage international des affaires est l’anglais ; et enfin, le tourisme affinitaire. Et il nous pose la question : selon lui, les deux grands groupes ethniques à Madagascar, à part les malgaches bien sûr, viennent d’Inde et de Chine. « Ça m’étonne que dans ces pays, on parle beaucoup le français » dit-il.
Puis « Lemurs of Madagascar, anglais, le festival du film à New-York, anglais… Je vous laisse tirer vos propres conclusions. » Finit-il.

« Partout dans le monde, on parle de Madagascar. Pas que en mal. Le gros gros problème à l’heure actuelle, ce n’est pas la sensibilisation de la population. C ‘est de communiquer. De communiquer avec le reste de ce monde. Et de vraiment assumer notre indépendance »

Mieux communiquer pour développer le tourisme.

Le bonhomme a fier allure et habite Madagascar depuis 25 ans. Quelque chose de très anglais bien sûr, mais aussi, avec sa barbe blanche et lunettes, une ressemblance avec l’ex chef de la CIA dans la série Homeland, Soul. Il en a la graviter aussi. Le discours est simplifié pour la cause, mais reste bon sur le fond, malgré quelques petites retouches peut-être.

Sur les droits d’auteurs des films bien sûr, car, si Madagascar et sa biodiversité sont effectivement le sujet des grands films cités, l’état n’a malheureusement rien fait pour que ces films soit mise en œuvre. Dans le milieu du cinéma, quand un film met l’accent sur un pays, c’est le pays qui paye et non le pays qui reçoit des dividendes. Les recettes attendues sont la publicité que le film fait pour le pays.
Ensuite, aussi, sur les « deux grandes ethnies supposées » : les « Indiens » dont il parle, n’ont plus grand chose à voir avec les habitants de l’Inde actuel. Pour beaucoup, ils sont franco-malgaches et francophones. Pour le tourisme affinitaire qui concerne cette communauté, nous trouverons plus de famille en France qu’en Inde. Quant aux Chinois arrivés récemment, il ne parle pas plus l’anglais que le français bien souvent.

Cependant, le fond et la vision sont justes. Madagascar doit s’ouvrir au monde. La logique y est aussi : nous devons aller chercher les touristes et les soutiens partout où ils sont. Et l’axe anglophone y a toute sa part, comme le chinois, l’allemand, l’espagnol ou encore le portugais avec des nouvelles puissances comme le Brésil. Le problème n’est pas un choix entre les francophones et les anglophones. L’idéal est de les additionner et de multiplier les ressources.

Madagascar est une terre qui fascine. Elle bénéficie toujours d’une aura exceptionnelle dans le monde malgré nos écarts politiques. Surfons sur cette vague et préservons notre identité avant que nous fassions la Une des magazines comme l’exemple d’un paradis perdu.

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One Comment;

  1. Soso said:

    Excellent article. J’ajouterai que la communication sur Madagascar commence par nous, les malagasy.

    Si chacun(e) de nous arrive juste à ne pas présenter notre pays comme un des plus pauvres du monde dès qu’on parle à des étrangers, nous faisons déjà un grand pas vers la valorisation de notre pays (c’est valable pour les Malagasy au pays et à l’étranger). Préférez plutôt parler de notre biodiversité et de notre richesse humaine.

    Si chacun(e) de nous arrive à ne pas quémander comme un mendiant dès qu’on est en contact avec un pays étranger (à commencer par nos dirigeants), nous faisons une bonne communication de Madagascar.

    Il est grand temps de changer de comportement. Et ce n’est pas encore trop tard.

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