Journalistes libérés sous la pression de l’ONU ?

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Suite à la déclaration jeudi soir du Président, les ministres plaignants ont retiré leur plainte. La justice a donc décidé l’arrêt des poursuites contre les deux journalistes Jean-Luc Rahaga et Didier Ramanoelina. Ils sont libérés. Aujourd’hui, Madagascar reçoit un hôte prestigieux : le secrétaire général adjoint aux affaires politiques des Nations Unies. Il y a des coïncidences qui tombent à pic.

Merci Monsieur le Président.

Depuis sa déclaration dans les journaux télévisés, jeudi vers 19h00, Hery Rajaonarimampianina endossait son rôle de père de la nation qui remettait de l’ordre dans ses enfants dissipés. D’une voix posée, il proclamait répondant aux journalistes présents qui l’interpellaient sur cette affaire : « Je pense que c’est un comportement honorable de retirer cette plainte, chacun a à respecter ses droits,mais aujourd’hui il faut voir l’avenir en face, et de manière positive pour toutes les parties. ». À nos confrères s’interrogeant à haute voix sur ce possible recul, il rétorquait avec justesse : « Les gestes honorables de ce genre méritent d’être soulignés, bien évidemment vous avez la liberté, chacun a sa liberté de l’interpréter à sa manière, mais en tant que Président de la République, je pense qu’il était dans mon devoir d’abord de faire cette mise au point et de lui demander de faire cet acte ».
Monsieur le Président, sur ce point, nous sommes de tout cœur avec vous. C’est un geste honorable. Nous vous en remercions le plus sincèrement du monde. Cette position vous honore et permet surtout à Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina de retrouver la liberté et leurs proches.

Au passage, Madagascar retrouve le chemin du respect de la liberté de la presse. Acte d’ailleurs salué par l’Ambassade des États-Unis : « Les États-Unis se réjouissent de la déclaration du Président Rajaonarimampianina d’hier. Nous constatons que le droit positif malgache sur la diffamation prévoit l’incarcération de journalistes non-récidivistes, ce qui est une approche disproportionnée. Le leadership démontré par le Président Rajaonarimampianina pour résoudre cette situation favorise le respect des droits humains universels et confirme que Madagascar est sur la voie de la démocratie et de la réconciliation. » Laquelle insiste dans le même communiqué avec clarté : « La Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme a déclaré en 2012 que la diffamation devrait être traitée comme une affaire civile, plutôt que pénale ». Noter bien la référence à ONU 😉

D’une certaine manière donc, la mobilisation générale autour de cette procédure judiciaire a fait son œuvre. Chacun peut en être fier à son humble hauteur. Et surtout se satisfaire que la leçon qui voulait, sans doute, être donnée aux  journalistes, se transforme en mise en garde pour ceux qui seraient tentés de déposer plainte au pénale contre la presse et ses libertés.

L’homme qui tombe à pic.

Sans vouloir réduire la qualité de l’intervention du Président, nous sommes troublés par les évènements qui s’entrechoquent. Ce matin, traversant 67 hectares, un de nos collaborateurs entend les sirènes hurler. Il grogne pensant encore à « on ne sais quel officiel abusant de ses prérogatives ». Il se gare, et voie passer péniblement une voiture avec drapeau de l’ONU bien encadrée. De retour à la rédaction, il regarde les communiqués de presse et jette un œil machinal sur le dernier : « Visite officielle de M. Tayé-Brook Zerihoun, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques des Nations Unies… ». Oui… aux affaires politiques.

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L’ASG de l’ONU est arrivé à Madagascar pour deux jours, les 24 et 25 juillet. Objectif : rencontrer « les autorités malgaches, la communauté diplomatique, l’équipe-pays des Nations Unies et les parties prenantes à la résolution de la crise malgache,  afin d’échanger avec eux sur la manière dont les Nations Unies pourraient continuer à  soutenir les efforts nationaux et régionaux visant à promouvoir la stabilité, la réconciliation et les politiques inclusives dans le pays, en étroite coordination avec la SADC. »

Au menu donc des consultations avec le Président de la République de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina, et le Premier Ministre, Dr Kolo Roger. M. Zerihoun a souligné la nécessité de poursuivre la réconciliation politique ainsi que les politiques et réformes inclusives, qui permettront de renforcer la gouvernance démocratique, le respect des droits de l’homme et d’accélérer  la reprise économique.

Vous imaginez la teneur des discussions si les journalistes étaient toujours emprisonnés ? Réconciliation politique ? Bonne gouvernance démocratique ? Respect des droits de l’homme ? etc. Le discours aurait été difficile. Au lieu de faire bonne figure et de pouvoir espérer plus de soutien de la part de l’ONU, la conversation aurait probablement tourné court. Coïncidence ou pas ?
Tags Didier Ramanoelina, , Jean Luc Rahaga, , justice, libérés, liberté de la presse, , Nations Unies, ONU, Présidence, , Tayé-Brook Zerihoun

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