Le ministre de l’Énergie, Richard Fihenena a été définitivement délesté. Son remplaçant : un intérimaire ! C’est sûr, l’électricité, c’est une affaire d’intérim. Un coup, tu l’as… un coup tu l’as plus :). La situation ne doit pas être bien grave, puisqu’on y colle un général (?) – le Général de Division RAVELOARISON Herilanto – déjà actuel Ministre de l’Économie et du Plan. Faut croire que les généraux s’ennuient et qu’ils sont surdoués. Il est vrai que le bonhomme a un CV impressionnant. Nous ne sommes pas sûrs pour autant qu’avec tout le travail à faire dans chaque secteur pour relever le pays, le cumul des mandats soit une bonne chose. Ni même qu’il manquerait de ressources dignes d’occuper ce poste.
Tous garantissent réfléchir à des solutions. Le malheur est que, bien souvent dans les pays dit « en voie de développement », « des solutions » se résument à : « comment expliquer au monde que l’on est très pauvre, au point que les grands pays soient obligés de nous donner de l’argent ? » Sachant que cet argent… disparaît irrémédiablement ensuite, aux yeux du peuple. Et que, quand la communauté internationale a le malheur de demander des comptes, les riches politiciens en appel au peuple en criant à l’ingérence et à la souveraineté nationale. Mais parfois, n’y aurait-il pas un peu de bon sens à mettre en œuvre ?
Gagner une heure d’électricité par jour sur tout le territoire.
L’idée est simplissimo : on avance d’une heure, l’heure malgache actuelle. Ainsi, à 18h00, il serait 19h00. À 6h00 actuelle, il serait 7h00. Ou encore, à midi, il serait 13h00. Pour mettre en œuvre cette stratégie, pas besoin d’argent (un petit budget de communication mise à part) ; pas besoin d’attendre des bailleurs de fonds ; pas besoin d’attendre une mise au budget de l’année suivante ; pas besoin de nommer un ministre ; il faut juste un peu de bon sens. Et une simple décision politique. Rien qu’une décision. De la vraie politique en quelque sorte.
L’objectif : gagner une heure de lumière le soir. Au lieu de voir la nuit tombée à partir de 18h00, le soleil ne se couchera qu »à partir de 19h00. De ce simple fait, nous allumerons nos ampoules une heure plus tard. Une heure d’énergie gagnée toute l’année, sur tout le territoire de Madagascar ! Ça vaut le coup, non ?
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- - en ORANGE : heures actuelles de lever et coucher de soleil, sur l’année 2014, à Antananarivo.
- - en VERT FONCÉ : si on avance d’une heure.
- - en vert, si on avançait de deux heures, ou, durée du jour avec le crépuscule si on avance d’une heure.
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Au 31 octobre 2014 par exemple, le soleil se lève à 5h09 et se couche à 17h57. Avec un changement d’une heure, il se lèverait à 6h09 et se coucherait à 18h57.
Au mois de juillet où les jours sont les plus courts : lever du soleil à 6h23, coucher à 17h24 (heure actuelle). Nous aurions : lever à 7h23, et coucher à 18h24.
Pour rappel, l’heure du coucher du soleil n’est pas l’heure de la nuit. Après le coucher de soleil ou avant son lever, il y a le crépuscule : instant où le soleil n’est pas apparent, mais pendant lequel il fait jour ; l’œil humain voit sans difficulté. À Antananarivo, cette durée de crépuscule est d’environ 52 minutes toute l’année.
En conséquence, pour nos exemples précédents :
- Quand le soleil se lèvera à 6h23 heure actuelle en juillet 2015, il faut naturellement jour à partir de 5h30 environ. Si nous avancions d’une heure, il ferait jour à 6h30 et jusqu’à 19h30.
- Pour notre mois d’octobre : jour à 4h20 jusqu’à 18h00 environ actuellement. Jour à 5h20 jusqu’à 19h00 environ, si on avance d’une heure.
Il est à noter que de nombreux pays ont adapté leur heure officielle par rapport à l’heure dîtes normalisée, certains y rajoutant même une « heure d’été » pour des questions d’économies d’énergie.
Avantages du changement d’heure :
- une heure de jour supplémentaire chaque soir.
- une heure de lumière électrique en moins chaque jour de l’année sur tout le territoire de Madagascar.
- quand vous rentrerez chez vous le soir, après le travail, il fera encore jour. Fini les fins de journée tristes où l’on rentre dans le noir.
- l’insécurité croit avec la nuit, dès le début de soirée : une heure d’insécurité en moins, chaque soir.
- les commerçants pourront rester ouverts plus tard : plus d’affaires pour eux, moins d’insécurité, et, pour nous, clients, la possibilité de faire quelques courses chaque soir après le travail.
- une harmonisation avec l’heure de l’île de La Réunion et de l’Île Maurice. Et oui, ces deux îles sœurs, et importants partenaires, sont déjà à H+1 par rapport à notre heure officielle actuelle.
L’heure de l’apéro au soleil, pour les amateurs… et, accessoirement, un décalage horaire avec la France métropolitaine moindre (selon heure d’été), pour ceux qui ont de la famille là bas.
Les bémols.
Les inconvénients nous apparaissent moindres. Un petit décalage dans nos habitudes au début. Les lève-tôt seront les plus déstabilisés. Les paysans bien sûr qui, comme partout dans le monde ou presque, vivent de toute façon à l’heure solaire, déjà différente de l’heure officielle. Quelques amateurs de sport très matinaux que l’on croise parfois dès 5h00 du matin dans les rues de la capitale. Et, pour le bonheur de tous, les ouvriers du bâtiment qui commencent leur travail à 6h00 du matin. On en a été tous victime un jour ou l’autre. Vous vous souvenez des coups de marteau et autres engins bruyants à 6h08 ! Y compris parfois le dimanche, alors d’ailleurs que vers 9h30 du mat, ils n’ont plus rien de bruyant à faire :) mais à part ces petites inconvénients, la personne qui aura l’habitude de se lever en plein jour à 5h00, se lèvera au crépuscule. Le désagrément semble supportable.
Ce ne sera pas une potion miracle. Plus de temps de soleil le soir, c’est uniquement moins d’ampoules allumées. Cela n’empêchera pas les frigos de tourner, ni les télévisions. Ceci dit, sur l’ensemble du territoire et l’ensemble des Malgaches, ce sont bien les ampoules qui sont les plus fréquemment utilisées dès la tombée de la nuit par la majorité. Beaucoup de nos compatriotes n’ont pas encore d’électroménager.
L’économie réalisée ne serait donc pas providentielle. Mais, elle resterait conséquente et, au vu des difficultés actuelles de la JIRAMA, qui ne peuvent pas être résolument avant plusieurs années (et qui risquent même d’empirer rapidement attendue la vétusté du matériel et du réseau), ces économies ne seraient pas de trop. Elles tomberaient à pic. Elles empêcheraient certainement quelques heures de délestage fort coûteux à chacun et à l’économie malgache dans son ensemble. Cette piste devrait être donc probante. Rappelons qu’elle ne dépend que d’une décision seulement. Elle peut donc être appliquée à tout moment et du jour au lendemain. « Il n’y a pas de petites économies », dit l’adage populaire. Il semblerait heureux pour tous de l’appliquer rapidement. Sous réserve d’étude plus approfondie, bien sûr.