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Réconciliation : des assises qui s’assoient sur la démocratie.

assises de la réconciliation nationale

Hier, 2 mai 2015, les assises nationales pour la réconciliation s’offraient une finale à grand-spectacle avec embrassades et grandes déclarations. Déclarations de bonnes intentions et fraternité de façade, c’est beau et c’est bien, mais le peuple malgache et la nation vont-ils en sortir indemnes ?

L’auto-réconciliation commence d’abord par soi-même.

Comme d’habitude dans les beaux discours, on a crié au « Fihavanana » (Concept de la culture traditionnelle malgache qui fait référence à de notions de solidarité, l’entraide… Pour nos amis étrangers) et au vahoaka malagasy (peuple malgache). Les accolades font de belles photos et chacun y va de sa salve d’applaudissements, en extase devant les jolies phrases de notre dirigeant ou des ex-présidents. Mais derrière cette consensualité apparente que nous réserve cette réconciliation ?

Tout d’abord, mais nous y sommes habitués, une opacité de rigueur, des non-dits et des chapes de plomb. Quid des responsabilités des différents ex-présidents tous directement impliqués dans les crises successives. Ils se sont détestés au point de mettre en place des quasi guerres-civiles, mais aujourd’hui, ils sont frères. Sur la forme, c’est une bonne chose. Sauf que l’on s’apprête donc à armer des gaillards qui vont se sentir regonfler pensant que cette réconciliation leur donne raison. Oui, il faudra bien une loi d’amnistie pour avancer, mais l’impunité nous semble une pilule bien amère.

C’est que les bonhommes prennent soin d’eux dès la toute première phrase des résolutions finales : « mise en place d’une Commission d’indemnisation des victimes des crises (personnes physiques et personnes morales)«  ! Autrement dit, Didier Ratsiraka ou Marc Ravalomanana vont, non-seulement ne pas être jugés pour les actes qui ont conduit à la révolte du peuple, mais ils vont être les premiers bénéficiaires d’une grasse indemnisation. Dans le cas Ravalo, cela risque d’être chaud : rappelons que les personnes morales sont, entre autre, les sociétés. En conséquence, Marc Be Sauce va pouvoir demander une indemnisation pour toutes les entreprises de l’empire Tiko qui ont été totalement ravagé. Bonne pioche.

Les élites se soignent avec l’argent des autres.

Dès la deuxième phrase des résolutions finales, on attaque le grand saupoudrage : que l’argent que l’on n’a pas, tombe dans les bonnes mains. Une galaxie de structures et commissions à mettre en place :

  • Structure de suivi des résolutions : ça, c’est les mecs qui sont payés pour te regarder manger ce qu’il y a dans ton assiette.
  • Organe en charge de la réconciliation : eux, ils mangent dans ton assiette.
  • Structure en charge du contrôle des forces armées : pour rappel, l’armée, c’est les mecs qui ont des fusils. Donc, là, il va y avoir des joyeux drilles qui vont aller regarder dans le canon, s’il y avait une balle. Bon courage.
  • Mise en place d’une structure d’observation des partis politiques : c’est quoi ? un politburo ??
  • Mise en place d’un Conseil des Sages : doté d’un nom merveilleux, le Présidium !? on se croirait dans un mauvais film de science-fiction avec un comité tout puissant qui tire les ficelles dans l’ombre, les illuminatis ou la World Company des Guignols de l’info.
  • Mise en place de la Chambre des autorités traditionnelles, dite Chambre des Ampanjaka. Avec tout le respect que l’on peut avoir pour la culture et notre devoir de la préserver, en terme républicain et démocratique, leur autorité n’a aucun pouvoir.
  • Mise en place d’un Structure indépendante en charge du contrôle des dépenses de l’État. S’il s’agit d’une « Cour des comptes » qui publierait le détail des dépenses de l’État et des institutions administratives, il serait grand temps. On note cependant que c’est la seule à qui on a collé l’adjectif d’indépendante ». Les autres ne le seraient pas ?
  • Mise en place d’une structure de contrôle de l’exploitation des ressources nationales. Alors ça, c’est pour faire plaisir à ceux qui pensent que Madagascar est pillé par je ne sais qui plutôt que par eux même.

Ouf ! Ça en fait du monde. Ça va coûter combien tout ça ? Qui va payer ? Qui sont déjà à la manœuvre pour se placer dans ces bonnes planques qui seront à coup sûr bien rémunérées attendu les responsabilités, mais qui risque d’alourdir considérablement les marges de manœuvre des gens élus ou ministres mais dont on attend de l’action plus que des discussions. C’est le syndrome du PDS : une institution rajoutée à l’institution, qui coûte, qui complique tout et qui, surtout met en péril l’exercice de la démocratie au profit d’un état autoritaire.

La refondation : la fameuse transition-bis a trouvé son nom.

L’objectif est clair : refaire une constitution de plus ! Il est vrai que la dernière était complexe, alambiquée et très politique, donc peu fédératrice. Mais, une fois de plus, est-ce vraiment l’urgence. Une nouvelle constitution pour qui ? Pour quoi ? Pour que Hery, Ravalomanana ou Ratsiraka puisse se représenter ? Les mauvais débats vont être de retour. Et le très mauvais film du président qui change la constitution pour préserver son pouvoir va revenir au-devant de la scène.

Attention scandale démocratique.

Toujours ce fantasme très FFKM de s’accaparer le pouvoir et de décider pour le peuple de ce qui serait bien ou mal ! Ces messieurs n’ont pas l’intention de s’embarrasser de la parole du peuple, les principaux intéressés.

Mise en place d’une Assemblée constituante : on dissout toutes les institutions élues, ou non, pour mettre en place une association de gens désignés qui vont se mijoter leur soupe ! L’Assemblée nationale, et le coût des élections de celle-ci par exemple : mise à la poubelle. Ils vont donc nous refaire à l’échelle de la nation et de son avenir, le coût de la réconciliation : des personnes autorisées vont se concocter des réunions sur-mesure à Ivato (et à grand frais). Le peuple et ses aspirations rangées au placard. Des gens qui se considèrent comme une élite, s’auto-congratulent et s’arrangent leurs cachoteries en huit clos, la discussion n’étant pas porté sur la place publique, pas de débat national, pas de compte-rendu précis et ouvert, pas de communication. Ou celle qui convient.

Ces actions immédiates qui font peur.

Là, on voit une volonté de dire : « on ne va pas traîner, on fonce ». Genre, bonne volonté, vous allez voir ce que vous allez voir. Autrement dit, on ne discute rien. On applique. C’est acquis.

 

  • Institution d’un Comité de pilotage pour la mise en place des structures proposées, composé de représentants du FFKM, de la Présidence… Traduction : le FFKM tient son rêve idéologique de suprématie à Madagascar. Il va décider de qui va bien, où et comment… Mais on se donne bonne conscience en autorisant quelques représentants officiels à en faire partie. On notera la délicatesse du geste : il est scrupuleusement noté, entre parenthèses, qu’une femme pourra faire partie de ce comité !! Quelle grandeur d’esprit. Mais quelle honte. C’est là la place que réservent aux femmes malgaches ces pontes de la pensée de l’ombre ? Inquiétant.
  • Mise en place du comité de suivi Et là aussi, il est précisé en number one « composé de représentants du FFKM » ! On ne sait jamais. Dès fois que !?
  • Assemblée constituante avec un mandant de 2 ans : ouillle ouille ouillle 2 ans ! Ça ne vous rappelle rien ? La « Transition de 2 ans maximum » qui s’est transformée en quatre et qui ne voulait pas en finir ? Forcée d’arrêter par la communauté internationale ? Au-delà de la formalisation d’une transitions-bis, vous le voyez venir le plan ? Depuis 2009, le pays est bloqué. Cela impliquerait que cette nouvelle transition, nous rajouterait 2 ans minimum de discussion stériles supplémentaires. Soit jusqu’en 2017, neuf années de transition. Et pendant ce temps, le peuple est toujours plus pauvre, les entreprises créatrices de richesse sont paralysées, les investisseurs ne veulent plus venir, des fortunes se font, mais personne ne sait comment, et les bois de rose s’envolent ; l’autorité s’étiole ; l’insécurité augmente ; la corruption prend des proportions honteuses et agressives, etc. 

Et bien dites-moi, le tableau n’est pas des meilleurs. Il semble qu’une fois de plus, nos politiques nous réservent un bien sombre avenir dont eux seuls ont le secret pour éviter que Madagascar prennent le risque de réussir ou de se développer. La réconciliation nationale est une bonne chose, mais à condition qu’elle soit inclusive, que le peuple s’exprime et qu’elle reste dans le cadre d’une prise de conscience intellectuelle des enjeux et causes en faveur d’un avenir meilleur. Mais pas une refondation pour cacher une transition-bis. L’urgence est d’avancer et d’avancer vite.

 

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