JIRAMA : le constat alarmant

Jirama
Ces derniers temps, la JIRAMA nous offre un véritable festival d’égoïsme exacerbé en nous imposant des heures interminables de coupures d’électricité. Ces heures, dites de délestage, sont fortement préjudiciables par désagrément à chaque citoyen (22 millions de Malgaches), à toutes les entreprises dont la production est bloquée, mais également sur les dégâts de matériel conséquent aux surtensions, jamais remboursés.

L’électricité à Madagascar : la gestion pitoyable d’un secteur vitale.

La Jirama (société d’état qui gère par monopole, la distribution de l’électricité et l’eau à Madagascar, pour nos internautes étrangers) est coutumière de tous les reproches depuis une bonne trentaine d’année. Son courant irrégulier, ses difficultés à installer ou réparer un compteur, ses coupures inopinées, les surtensions dont elle a le secret qui nous font jeter des appareils électriques définitivement mis hors de fonction, ces mêmes qui ont parfois coûté des sacrifices à des populations pauvres, et sans aucun espoir d’un quelconque remboursement. La Jirama semble faire ce qu’elle veut, comme elle l’entend. Une bien étrange façon de rendre un service public dont elle a le monopole.

Une coupure d’électricité n’est pas seulement un inconvénient pour une ménagère qui regarde la télé ou un téléphone portable que l’on a oublié de charger. Ce sont des pans entiers de l’économie, de la production, qui sont à l’arrêt. Des PME, PMI, petites ou grandes entreprises, des ateliers qui ne peuvent plus faire marcher leur machine, des dizaines de milliers d’artisans qui ne peuvent plus rien faire (ni souder, ni fraiser, ni scier, ni poncer, etc.). Des dentistes qui arrêtent leurs soins, des restaurants qui ne peuvent plus faire certains plats, des hôtels sans lumière ou sans eau chaude aux couveuses qui s’arrêtent ou aux poussins sans lumière chauffantes… Bref, on en finirait plus de faire l’inventaire des problèmes graves que doit subir un système de production nationale déjà au plus bas. Rappelons qu’en terme de PIB, ce qui est produit en Europe en un jour, il faut six mois pour le faire à Madagascar en période « normale » (avec électricité relativement constante).

Le paradoxe suicidaire : plus de besoins, moins d’électricité !

L’électricité est vitale pour une société moderne et tend d’ailleurs à devenir la source quasi-unique d’approvisionnement en énergie puisque, bientôt, même les voitures seront électriques. L’énergie est partout. Derrière chaque appareil, dans chaque moment de votre quotidien. On en finit plus de nous proposer un avenir toujours plus connecté. Hors, sans électricité, on retourne en une seconde (dès la première seconde de la coupure) pire qu’à l’âge de pierre, car on ne sait même plus faire quoique ce soit sans électricité.

Madagascar est passé de moins de 15 millions d’habitants avant l’an 2000 a plus de 22 millions d’habitants, en mois de 15 ans donc. C’est énorme, et cela va progresser de façon exponentielle sur les mêmes bases dans les années avenirs. On attend, selon les prévisionnistes, trente à trente-cinq millions de Malgaches en 2020 ! En conséquence, une croissance de la demande phénoménale : tout d’abord, parce qu’il y a plus de monde, plus d’utilisateurs, ensuite parce chaque Malgache utilise toujours plus d’électricité. Passer du charbon au rice coocker, c’est de l’énergie. Mettre une télé dans chaque foyer, c’est de l’énergie, avoir son premier frigo ou sa première tablette, c’est de l’énergie. Aller chez le coiffeur pour un brushing, c’est de l’énergie. Etc.

Pendant ce temps, la Jirama, en situation de monopole, fait la progression inverse. Elle a beaucoup de mal à augmenter sa production d’électricité en conséquence et possède un parc machine vieillissant. Le choix de la production d’électricité est quasiment uniquement orienté vers les turbines à gaz oil, alors que le pétrole ne cesse d’augmenter et cela n’ira pas en améliorant. Un réseau vieillissant voir anarchique. Il n’y a qu’à voir les fils qui se promènent dans tous les sens en ville pour comprendre que tout ceci n’est pas très sein. Nous passerons sur la piraterie peut quantifiable, mais soulignerons qu’avec un réseau aussi mal construit, il ne peut y avoir que des pertes importantes entre la source et l’utilisateur final.
Les différents dirigeants nationaux n’ont apparemment rien vu venir, (où n’ont pas voulu voir). Les présidents successifs semblaient se satisfaire de l’inauguration d’une nouvelle turbine à gaz oil censé résoudre tous les problèmes. Tous sont responsables de l’échec actuel.

Nous arrivons donc, au résultat d’aujourd’hui : la Jirama ne peut plus fournir. Car il est bien là le problème. Si elle ne peut plus payer, c’est qu’elle ne peut plus fournir assez d’électricité pour la demande. Sinon, il suffirait qu’elle paye ces fournisseurs pour maintenir ou augmenter la production.

Où va l’argent ?

Le Jirama, jamais avare de commentaire pour dire que c’est la faute des autres, nous explique que tout cela est de la faute de ces fournisseurs. Lesquels ne veulent plus lui donner de carburant, car la Jirama ne les paye pas. Quelques petites unités de production hydro-électriques, obligées de revendre leur électricité à la compagnie nationale sont dans la même situation. La Jirama leur doit des sommes astronomiques d’argents.
On peut toutefois s’étonner que la Jirama n’ai pas l’argent pour payer, car, chaque consommateur est obligé de payer chaque mois sa facture. Personne ne peut y échapper, sinon, coupure immédiate. La Jirama est donc une des rares sociétés qui est sûr d’être payée par ces clients. Il n’y a donc que deux explications à ce problème : soit les administrateurs ne savent pas calculer un prix de revient ; ce qui impliquerait qu’effectivement, ils ne rentrent pas assez d’argent pour payer leurs fournisseurs. Vu le prix exorbitant de l’abonnement et de l’électricité, je doute fort qu’ils soient en dessous de leur prix de revient.
L’autre explication à ce phénomène est que l’argent rentrée s’évapore mystérieusement. C’est une hypothèse souvent entendue à Madagascar. Les politiques et autres favorisés se serviraient allègrement dans la caisse, créant des gouffres financiers abyssaux. Nous n’avons aucune preuve sur ces affirmations, donc nous ne pourrons que les évoqués comme hypothèses. Je suppose toutefois qu’à la Jirama, ils doivent connaître le prix de revient du kilowatt-heure*, et donc, nous le re-facture avec une marge. En conséquence, s’ils n’ont plus assez de trésoreries pour payer les fournisseurs, où va l’argent ?

* Selon L’Express de Madagascar, le coût du kilowatt-heure de la Jirama serait de 1200 Ariary alors qu’il serait facturé 380. La différence est tellement importante qu’elle paraît absurde, en tout cas incompréhensible. Surtout au vue des factures effectives : une maison bourgeoise moyenne, équipée en électroménager)paye environ 400 000 Ar / mois, soit 125 Euros. Pour le même type de maison et équipement identique, elle payerait environ 70 à 80 Euros à La Réunion.

« En 2011, le kilowatt-heure d’électricité (kWh) coûte en moyenne pour un particulier ayant une consommation inférieure à 4 000 kWh par an : 0,22 € au Luxembourg, 0,21 € en Belgique, 0,20 € en Allemagne, 0,17 € en Angleterre, 0,13 € en France métropolitaine et en Italie et 0,11 € à La Réunion. » (source wikipédia). À Madagascar, il serait facturé 0,12 Euros selon l’Express / Jirama, mais leur coûterait 0,38 €.

On nous dit aussi qu’il y aurait quelques privilégiés, et même des institutions publiques, qui ne paieraient pas de facture Jirama. Pour eux, c’est électricité gratuite à gogo. Là aussi, on est dans le domaine de la rumeur. Nous n’avons aucun élément pour l’affirmer. Cependant, si ces pratiques existent, nous pouvons supposer qu’à l’échelle nationale, ces quantités soient négligeables. Elles ne peuvent pas à elle seules justifier la faillite actuelle. Car devrions-nous parler de faillite ?

Quand allons-nous en sortir ? pas demain la veille !

… Comme on dit. Les responsables de la Jirama essayent chaque semaine de nous trouver une bonne justification en remettant la faute sur quelqu’un d’autre. Le ministère des Finances semble s’en laver les mains en constatant d’étrange manipulation de la trésorerie et en préconisant le changement de statut en société commerciale. Le président demande une enquête. À cours d’idées, comme d’habitude, on en appelle aux bailleurs de fonds, les mêmes que l’on ne manquera pas de critiquer par la suite au nom de la souveraineté nationale et d’un prétendu néo-colonialisme. Il nous manque à ce propos la fameuse solution « malgacho-magache », secret de tous les mots selon certains.
Une de ces généreuses institutions aurait déjà promis 80 Millions d’USD. La Communauté Européenne étudie le problème, mais rappelle qu’elle ne prête de l’argent qu’au pays stable et quand elle sait où va cet argent. Quoiqu’il en soit, ce type d’aide prendra du temps à être débloqué. Soyons clair : nous n’avons aucune solution immédiate ou à cours terme. Aucune. Soit le gouvernement trouve de l’argent et remet à flot la Jirama. Mais pour combien de temps. Soit, les fournisseurs s’assoient sur leurs milliards dus. Mais s’ils nous font la grâce de ce cadeau, ils risquent eux aussi de mettre la clé sous la porte. Si un compromis est trouvé avec les fournisseurs, ce ne sera que pour repousser le problème à plus tard de toute façon.

On est donc bien mal barré. Il faut voir la réalité en face : nous aurons toujours plus de délestage, et les factures JIRAMA vont augmenter rapidement pour faire rentrer de l’argent. Une fois de plus, c’est le contribuable qui va servir de vache à lait pour réparer l’incompétence durable de certains.

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One Comment;

  1. vallespi liberto said:

    Bonjour ,
    En se qui concerne les problèmes sur l’alimentation en électricité par la société Jirama à Madagascar , il faut impérativement effectuer une formation à tout l’ensemble du personnel sur les centrales électrique . J’ai effectué de la formation en tant qu’expert sur des centrales électrique avec plus de 85% réussites , la formation du personnel est la garantie du bon maintien du matériel .

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